Restauration/amélioration des tribunes Scalextric K/705
par Jean-Michel Piot
Les
tribunes ouvertes en Kit Scalextric sont apparues dans les catalogues en 1965,
soit 2 ans après les autres kits de bâtiments, qui eux avaient été
introduits la même année que les pistes Plexitrack, en 1963. Elles sont assez
rares et la plupart du temps très laides quand on les trouve déjà montées et
peintes.
Ayant
une petite expérience de la chose après 4 restaurations (et des décennies de
modélisme), je vous livre ma méthode. Elle en vaut bien d’autres après tout
…
Certains
conseils serviront également si l’on dispose de tribunes en boîte non montées.
A
noter qu’il n’est même pas nécessaire de décoller les pièces pour
obtenir un résultat impeccable, sauf bien entendu si le premier montage est mal
fait (j’ai ainsi dû décoller une tribune de ce fait, avec des effets mécaniques
et parfois du white-spirit juste aux jonctions) .
1. Le choix des couleurs
En
préambule il me faut vous confier que le choix des couleurs et des endroits à
peindre a fait l’objet d’une petite réflexion préalable.
L’illustration de la boîte d’origine fait état de rambardes brunes, de bancs en bois peints uniquement au niveau des assises de sièges. Les catalogues Scalex à partir de 1965, pour leur part, contiennent des illustrations faisant état de côtés verts, de gradins entièrement en bois, de lettrages bleus et de rambardes non peintes.
Or
on observe que les parois extérieures de la maquette représentent une surface
crépie, identique au crépi de la base du centre de contrôle, des murs des
stands en kit (K/701 et K/702).
J’ai
donc considéré qu’un traitement à l’apprêt blanc devait être appliqué
aux parois latérales des tribunes.
Par
souci d’harmonie , les rambardes seront vertes, comme celles du centre de
contrôle, les poteaux restant blancs comme pour ce même centre, que je trouve
parfait tel qu’il est illustré sur la boite d’origine et sur les premiers
catalogues (et encore mieux sur mon circuit).
Les
gradins, par leur forme et la jonction des soubassements avec les bancs, m’évoquent
davantage une construction entièrement en bois. J’ai donc choisi de peindre
l’ensemble en imitant le bois et non les seuls bancs, en accord cette fois
avec les catalogues.
Enfin, les lettres « SCALEXTRIC » sur le côté sont illustrés en rouge sur la boite et, rappelons-le, bleues sur les catalogues. Ces lettres sont bleues sur le centre de contrôle. Considérant la chose et la couleur des lettres « Scalextric » sur les barrières Goodwood A/225 et les baraques d’entrée (le plus souvent bleu mais il existe aussi du rouge), j’ai considéré que les lettres de la marque pouvaient raisonnablement être bleues ou rouges, en reprenant les couleurs exactes des marquages sur les barrières Goodwood, là encore par souci d’harmonie.
2. Le nettoyage et le décapage
40
ans de poussière, c’est pas rien ! Allez, zou, un bain ! immédiatement.
Ensuite, trempette pendant plusieurs jours dans du liquide de frein, pour décaper
la peinture.
Voix
Off : « MA CUISIIIIIIIINE !!!
AARRRRRRGGGGLLLLL !! »
Il faut dire que ça s’imposait, à considérer simplement la façon dont la peinture verte avait été appliquée (enfin, le terme « application » est peut-être usurpé en l’espèce :
BEURK :0(
! (pardon, je voulais dire
Pouark !)
Après de nombreuses séances de brosses à dent et de grattage à l’ongle et avec des outils divers (plusieurs heures quand même, par petits bouts, pour décaper correctement), on arrive à des résultats plus ou moins honorables, dépendant de la peinture d’origine.
A noter que l’angle cassé de la tribune de droite sera réparé, la réparation étant ensuite invisible, comme il sera vu plus loin.
3. Ajout de matières pour les pieds et
les poteaux
Les
pieds et poteaux des tribunes sont creux, ce n’est ni réaliste ni esthétique.
Après
quelques prises de mesures, on peut combler ces manques, donnant ainsi un aspect
moins approximatif à ces bâtiments. Cette étape sera bien-entendu sautée par
ceux qui sont respectueux de la stricte origine. Pour ma part, c’est pour
jouer avec mon circuit, et franchement les pieds et poteaux creux choquent par
rapport au degré de finition des autres bâtiments.
Quelques
photos valant plus qu’un long discours en l’espèce (mais en l’espèce
seulement, on peut aussi aimer la littérature, après tout …), voici les étapes,
étant précisé que les pièces comblant les manques ont été réalisé en
polystyrène (fourniture Evergreen, Raboesch, ou autre marque dans les bonnes
boutiques de maquettisme).
Les
premières pièces ont été réalisées sur une tribune non démontée. Je
confirme que cela est possible. Mais pour les photos illustrant cet article, une
tribune décollée a aussi servi de modèle.
L’épaisseur
de polystyrène qui correspond ici pour les pieds est 3mm. Les anglais se
seraient-ils déjà convertis à l’époque au système métrique ?
Les
pieds sont également comblés à l’avant.
Pour
la finition, du mastic pour maquette (body ou contour puty) et un ponçage au
papier de verre 1000 après séchage complet de l’enduit, sont indispensables.
Tant qu’à partir dans les finitions, autant être soigneux.
Le
résultat après ponçage, montrant également la différence entre le « creux
d’origine » disgracieux à mon avis et le montant ainsi comblé et prêt
à recevoir l’apprêt blanc.
Voyons
maintenant le traitement des piliers ou poteaux :
4. Les éventuelles réparations
Voici
deux exemples de cassure.
La
première est simple à restaurer : colle liquide pour polystyrène en
bouteille et aiguille. Ensuite, il faut mettre de l’enduit (puty), laisser sécher
puis poncer, avec des micro-fraises diamantées ou métal, là où il faut
retrouver l’aspect crépi, ou bien encore avec du papier 1200 puis 2000 là où
les surfaces sont lisses.
La
seconde réparation est un exercice de haute voltige en apparence, mais
finalement à la portée de toute personne minutieuse.
Ce
serait trop long de tout expliquer, les illustrations parlent presque
d’elles-mêmes et il sera ajouté peu de commentaires, étant précisé
toutefois que cela commence par la découpe d’une bande de polystyrène de la
bonne épaisseur qui va pouvoir coulisser le long des barreaux intacts, guidés
dans cette translation qu’ils sont entre la rambarde supérieure et le relief
au pied des barreaux (pour comme dans un livre ou en maître Joda parler)
Cette
bande est placée devant la face la plus externe des barreaux intacts, ce qui va
permettre avec une pointe sèche de marquer les contours des découpes par
l’intérieur, en présentant l’outil à l’intérieur de la tribune, guidé
par la forme des barreaux intacts, et gravant légèrement la surface de ce qui
va devenir la pièce de remplacement. Le perçage se fait avec des forêts, 1
trou à proximité de chaque angle de l’ouverture triangulaire.
Ensuite,
avec une lame fine de couteau de maquettiste, on réunit les trois trous
circulaires. Enfin, on fignole avec des limes fines de diverses sections.
On
remarque à ce propos que les angles à la jonction des barreaux comportent une
petite bosse. On y parvient avec une lime de section triangulaire à angle très
fermé.
Mais
voyez plutôt :
Si
on observe bien, on note que les bords de la cassure, irréguliers, sont
retravaillés à la lime pour avoir un bord franc, ce qui facilitera la réparation
du fait que la pièce fabriquée pour combler aura elle-même des bords droits.
De
même, une partie de la rambarde restante a été limée pour que la pièce
venant en complément soit plus facile à poser et le collage plus résistant.
Il
faut en effet éviter d’avoir des plans de joints dans la continuité les uns
des autres. Autant décaler. C’est ce que font les maçons avec les briques;
cela ne saurait être sans raison …
Ensuite
on va marquer avec une pointe sèche la limite de la pièce de réparation, pour
ensuite découper au couteau de modéliste ou avec un disque de scie circulaire
de mini-perçeuse.
Le
résultat après collage de la pièce latérale remplaçant les barreaux,
sachant qu’il reste à traiter le pilier et la rambarde
La
restauration du pilier :
Après
tout ça, refaire un morceau de rambarde et le haut du pilier est un jeu
d’enfant …
A
noter que l’habillage extérieur du poteau doit être de préférence en
plastique imitation crépi. J’ai trouvé mon bonheur sur des morceaux de
stands Airfix qui accompagnaient un lot de bâtiments Scalex.
Un
peu de finition (enduit, limage, ponçage) et c’est prêt.
Bon,
heureusement on n’aura pas à faire ça tous les jours, mais c’est pour
montrer que TOUT est réparable (ou presque) avec de la technique et du doigté.
Cela
aurait été dommage de laisser cette tribune en l’état ou la jeter…
J’ai
même dit aux personnages qui s’installaient sur cette tribune, loin de
l’angle : allez-y, c’est du solide, vous pouvez vous appuyer
franchement dessus ! Effectivement, à ce jour aucune chute n’est à déplorer
…
Bon, après toutes ces émotions, la peinture …
5. Et la couleur fut …
Bon,
en parlant de couleur, ça commence mal : on va tout peindre en blanc !
A l’apprêt Tamiya en bombe, après nettoyage au liquide vaisselle et à
l’eau et séchage.
Pour
sécher je secoue pour retirer le plus gros puis je souffle de l’air comprimé
fourni par le compresseur de l’aérographe.
Pas
difficile.
Ensuite,
le patient travail de masquage … (j’en vois déjà qui masquent rien qu’à
l’idée …)
Il
faut être très minutieux, prendre son temps, ne rien oublier, mais le résultat
en vaut la peine.
Dans
les endroits difficiles on applique le scotch (sans en renverser, hips) en
appuyant dans les angles avec une pointe. Ensuite on découpe au cutter et on
retire le surplus avec une pince à épiler. C’est aussi passionnant à faire
que ratisser le sable de son jardin Zen … Et puis on a l’impression de faire
comme Christo au 1/32 ème …C’est déjà plus emballant, non ? En outre
je vous donne toutes les ficelles :0)
Justement,
comme là aussi c’est un happening, une œuvre éphémère, j’ai immortalisé
la chose :
Voix
Off : « MA SALLE DE
BAAAIIIIIINNNNN !!!! »
Bon,
le plus fastidieux étant fait, passons à la peinture proprement dite (et
proprement appliquée :0)). Vous choisirez une couleur de fond assez claire
(chamois, si vous arrivez à en attraper un comme modèle). A défaut, un
bouquetin fera l’affaire.
Ensuite, après plusieurs heures voir un jour complet de séchage, il faut imiter les veines du bois avec une peinture plus sombre et plus diluée, appliquée avec une brosse à poils durs (n’utilisez pas votre Fox Terrier, prenez plutôt celui de la voisine).
Il
vaut mieux s’entraîner sur un morceau de polystyrène ou bristol si on a pas
l’habitude. Et même si on l’a, pour arriver au bon état de dilution de la
peinture et à la bonne charge (quantité de peinture) de la brosse.
Pour
la teinte en elle-même, on peut préférer un ton assez clair de bois, plus gai
et flatteur (voir la toute première photo, d’une tribune revendue depuis à
un passionné) ou bien plus sombre, qui se rapprochera de la teinte de la
baraque d’entrée, du poste de chronométrage.
Pour
mes trois tribunes personnelles, j’ai choisi cette dernière option, conseillé
par ma tendre et douce, que ne fait pas rien qu’à râler à cause de tout mon
bazar et toutes mes saletés (je parle maquettisme uniquement).
Une
fois les veines peintes et la peinture bien sèche, on peut retirer l’adhésif
spécial de masquage Tamiya. Et rendre les animaux.
Il reste à peindre les rambardes en vert, a l’aérographe, après avoir caché tout le reste (même adhésif que précédemment et feuilles de papier (pas de papier journal non glacé, l’encre marquerait la tribune, donc pas « La Tribune » qui est un journal qui précisément risquerait de …
Sur
la photo suivante, vous avez des étapes successives, mon abnégation ayant été
jusqu’à faire tout exprès 3 tribunes concomitamment, juste histoire de tout
vous montrer sur un seul cliché et ne pas avoir à prendre plusieurs photos, ce
qui aurait pu me fatiguer … En plus, chaque fois que j’utilise le mot
concomitamment, je gagne 10 points concomitamment (et hop ! 30 d’un coup :0)).
Voix
Off : « MA NAAAAAPE !!! »
Enfin,
il faut peindre les lettres SCALEXTRIC, en utilisant un pinceau minuscule et en
effleurant les arêtes des lettres. On comble ensuite au milieu, c’est vous
dire la taille du pinceau.
Cette
dernière étape risque de vous amuser encore quelques heures.
Mais
je vous livre un truc : si vous bavez un peu, la bavure peut être retirée
immédiatement avec un pinceau parfaitement propre trempé dans le white-spirit
et passage immédiat d’un coton-tige sec qui va absorber le tout.
Il
faut le faire sans attendre et ne pas tout noyer, sinon l’apprêt blanc
restera légèrement teinté.
De
même pour les toutes petites bavures (bord de lettre non parfaitement
rectiligne) après séchage superficiel de la peinture (je fais ça une fois que
tout le lettrage est peint) on peut prendre un cure-dent en bois trempé dans le
white-spirit. C’est magique, ça « gomme » les micro
imperfections.
Mais
n’en attendez pas des miracles, l’essentiel est de peindre de la façon la
plus soignée possible, en prenant des appuis avec les doigts et la main sur le
plan de travail et sur l’objet à peindre pour limiter l’amplitude de déplacement
du pinceau.
Certes
le tout représente un travail assez considérable :10-12 heures environ,
plus s’il faut en outre réparer, moins si on a la chance de trouver une
tribune neuve non montée ou bien encore montée proprement et restée non
peinte. Mais vous verrez, les personnages vont spontanément revenir dans ces
tribunes …
A
ce propos, inutile de tout gâcher après en collant ces personnages n’importe
comment dessus …
Merci
pour eux … Ils ont bien le droit, eux aussi, d’avoir l’âme vagabonde …
Plus sérieusement, si l’on veut fixer des personnages, plutôt que de coller je préconise de procéder ainsi :
repérer les emplacements avec une mine de crayon,
faire des trous avec un forêt de faible diamètre (environ 1mm) au niveau du tronc (des fesses, oui, vous avez raison, mais pas trop devant, on va dire au niveau de la colonne vertébrale de ces pauvres bêtes,
travailler ensuite par en dessous en plaçant les personnages les uns après les autres, les perçant en plaçant le forêt dans le trou déjà effectué après un premier repérage, et vissant enfin avec une vis minuscule à tête conique.
Ce
sera solide et ne risquera pas de marquer la peinture. De plus, il sera toujours
possible de remplacer à terme les personnages, les repeindre, etc.
A
ce propos, il faudrait que je soigne aussi les personnages … Ce qu’il y a de
bien avec nos loisirs c’est qu’il y a toujours quelque chose à faire, on ne
s’ennuie pas.
Mais avant cela, prochaine étape: je plante du gazon au 1/32eme. Il y a sûrement des hybrides à créer. Ca ira avec les bonzaïs et en plus il faudra tondre régulièrement :0) Des heures de rire !
Jean-Michel PIOT, tendance maniaque mais pas dépressif (du tout du tout :0))
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